Mikael Levin
"Prince Aniaba, il n'y a donc plus de différence entre vous et moi que du noir au blanc."


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MIKAEL LEVIN
« Prince Aniaba, il n'y a donc plus de différence entre vous et moi que du noir au blanc. »
15 avril – 22 mai 2010
vernissage le jeudi 15 avril à partir de 18 heures

En de rares occasions, un artiste rencontre un livre qui cristallise la ligne de travail dans laquelle il s'est engagé. C'est le cas de Blank Darkness ; Africanist Discourse in French de Christophe L. Miller (éditions de l'université de Chicago, 1985) pour Mikael Levin dont la galerie a le plaisir de présenter une série d'œuvres récentes.

« À l'occasion de la visite [d'un] « prince » africain […], on raconte que Louis XIV aurait dit en riant : « Prince Aniaba, il n'y a donc plus de différence entre vous et moi que du noir au blanc. » Mais relisez bien cette déclaration. Il n'y a plus de différence, mais une différence totale : la différence est seulement une question de couleur, mais ces couleurs sont absolument opposées. Noir et blanc comme outils pour effacer la différence n'aident pas, mais au contraire la souligne. La phrase, par sa focalisation sur le problème de la couleur (ou plus précisément les non couleurs noir et blanc), peut se lire de deux façons parfaitement opposées, et avec le petit rire du roi, la perspective d'une harmonie heureuse devient de l'ironie. Le petit discours du Roi Soleil au prince « brûlé par le soleil » est peut-être l'occurrence « Africaniste » la plus parlante en français : le contraste entre la lumière légitime du roi, et la noirceur douteuse du prince-esclave ne saurait être plus prononcé. » (p.32)

Cette phrase prêtée à Louis XIV est l'occasion pour Mikael Levin de revenir sur l'opposition inéluctable du noir et du blanc, dans un album de photographies édité par la galerie*. Réalisés lors d'un voyage en Afrique, les clichés en noir et blanc réactualisent la tradition de l'album de voyage et jouent sur les contrastes de scènes et de compositions. Fonctionnant de paire avec l'album, la vidéo Guinée Portugaise, montage dynamique de vieilles cartes postales de voyage aux contrastes désaturés, aborde la question du temps et de l'identité, leitmotiv dans le travail de Mikael Levin, et fait le lien avec la deuxième partie de l'exposition.

« L'histoire des écrits « Africanistes » est l'histoire de la rencontre brutale du noir et du blanc – de leur incapacité à demeurer des contraires signifiants – et des frustrations liées aux sens qu'on leur attache. […] La définition « littérale » [du mot « noir »] est la suivante : le noir est « le mot adapté à une certaine qualité, particulièrement classée parmi les couleurs, mais consistant optiquement en la totale absence de couleur, due à l'absence ou à la totale absorption de la lumière, tandis qu'à l'opposé, le blanc survient de la réflexion de tous les rayons de lumière » […]. Le « blanc » est « pleinement lumineux et vidé de nuances distinctes ». Ce vide est le point où le noir et le blanc se rencontrent et s'inversent ; car si le blanc est une plénitude vide (pleinement lumineux, mais vide), alors le noir est un vide plein (absence totale). »

S'attachant aux définitions même du noir et du blanc, l'exposition propose un ensemble de photographies inédites qui interrogent l'essence de la photographie en noir et blanc. Les tirages sont accompagnés d'une vidéo récente, Transition, qui enregistre le passage du temps dans l'atelier de l'artiste, où la lumière sur le mur, passe du blanc au noir à mesure que le jour décline, jouant des oppositions entre noir et blanc et couleur, et immobilité et mouvement.

Mikael Levin est né en 1954 à New York où il vit et travaille.

*édition limitée : 5 exemplaires numérotés et signés comprenant 9 tirages originaux sur papier argentique monté sur carton, sous emboîtage.

En parallèle de l'exposition, le musée d'art et d'histoire du judaïsme présente, du 9 avril au 18 juillet 2010, l'œuvre de Mikael Levin, Cristina's History, récit en images qui retrace l'itinéraire, sur quatre générations, d'une famille juive, celle de l'artiste, depuis Zgierz, en Pologne centrale, jusqu'à la Guinée-Bissau, en passant par Lisbonne. À ces trois lieux, photographiés entre 2003 et 2005, l'artiste associe un récit qui mêle biographie des personnages et événements historiques auxquels elle est liée. www.mahj.org