Jean Badovici
Mentor de l'Architecture Moderne


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La galerie présentera à l’occasion de cette exposition un large extrait des archives qu’elle détient sur Jean Badovici.

Ces archives couvrent certaines périodes de sa direction de L’Architecture Vivante (1923-1933) sous la forme de documents écrits ou de photographies originales ayant servies à l’illustration de la revue, mais aussi de nombreux éléments permettant d’éclairer sa relation avec Eileen Gray qui a abouti à la réalisation des maisons de Vézelay ou la mythique maison-manifeste E.1027 à Roquebrune Cap-Martin.

La reconstruction de la ville de Maubeuge sur laquelle il travailla 10 ans aux côtés de Jean Lurçat est très largement représentée dans ces archives. Des photographies, plans, textes théoriques, courriers d’échange entre la population locale et lui même ou entre les divers architectes associés au projet témoignent de son engagement dans cette « bataille architecturale »

Le Corbusier, qui sera un des ses proches amis et voisin à Roquebrune Cap-Martin sera présent au travers de photographies et plans d’architecture.

Quelques meubles originaux provenant de la maison E1027 accompagneront l’évocation de celle-ci.

De nombreux documents personnels de Jean Badovici (portraits, courriers, factures, textes…) apporteront un éclairage inédit sur ce personnage méconnu.

 

Jean Badovici (1893-1956)

Jean Badovici peut, de nos jours, être considéré comme le pivot de la connaissance et de la reconnaissance de l’Architecture Moderne en France.

Né à Bucarest en 1893, il arrive à Paris en 1913 puis y revient en janvier 1915, après un retour en Roumanie après la guerre de 1914.

C’est alors qu’il commence des études d’Architecture aux Beaux Arts, avant de s’inscrire à l’Ecole Spéciale d’Architecture en 1917 d’où il sortira major en 1919.

Son amitié avec Christian Zervos date de cette époque d’études et de leur cohabitation dans un petit hôtel du Quartier Latin. Après ces études il voyage en Italie avec Zervos. En 1920, il rencontre Eileen Gray et le Corbusier. En 1922, il adhère à la Société des Architectes.

L’exposition abordera les chapitres de sa vie entièrement dédiée à l’Architecture Moderne jusqu’à sa mort précoce et soudaine en 1956.

 

 

L’Architecture Vivante (1923-1933)

(Edition luxueuse paraissant 4 fois par an et qui publie des tirés à part de grandes réalisations architecturales.)

Jean Badovici est devenu un critique influent de l’Architecture Moderne. Il réussi à convaincre Albert Morancé d’éditer une revue avant-gardiste qui sera l’une des premières accessible au plus grand nombre.

Durant 10 ans, la revue diffusera les théories et les principes de l’Architecture Moderne : fonctionnalité, emploi judicieux des matériaux, équilibre et proportions.

La revue va devenir l’organe de diffusion du « Mouvement Moderne International » (Bauhaus, De Stijl, Constructivisme) ainsi que son porte parole influent.

Durant toutes ces années, Badovici n’a cessé d’entretenir des relations amicales avec les architectes de ces Mouvements, de voyager en Europe pour les rencontrer. Il a aussi des relations critiques et éditoriales avec les autres magazines avant-gardistes européens comme Wendingen aux pays Bas ou les Cahiers d’Art fondé en 1926 par son ami Christian Zervos.

En 1933, la revue cesse de paraître faute de financement après la crise de 1929.

Jean Badovici collaborera jusqu’en 1948 avec les Editions Morancé sur des collections d’ouvrages monographiques d’architectes.

 

La rencontre avec Eileen Gray

Eileen Gray est une créatrice confirmée lorsqu’elle ouvre, en 1922 sa galerie rue Saint Honoré sous le nom de Jean Désert, la vitrine sera dessinée par Jean Badovici qu’elle a rencontré quelques années auparavant.

(Jean pour Badovici ? et Désert pour masculiniser le nom ou par amour du désert ?).

Leur fascination réciproque sera déterminante, au milieu des années 20, pour le tournant artistique d’Eileen Gray vers des créations modernistes. Elle a alors 45 ans, lui 30 ans.

Tous les deux sont issus de milieux sociaux très différents, elle d’une famille irlandaise aisée, lui d’une famille roumaine modeste. Ensemble ils vont beaucoup voyager à la rencontre des architectes européens en Hollande et Allemagne mais aussi à la découverte d’autres pays plus lointains comme le Pérou, le Mexique ou New York.

En 1924, Wendingen, la revue hollandaise à laquelle Jean Badovici collabore consacre un numéro entier à Eileen Gray.

 

Eileen Gray collabore à la restauration des maisons que Badovici a acquises à Vézelay où commence à se constituer une communauté artistique avec Christian Zervos,Le Corbusier,  Fernand Léger, Jean Lurçat ou Yves Renaudin.

C’est à cette période, que l’idée de réaliser une maison dans le sud de la France devient une évidence pour les deux.

Plus tard, à  Paris, Eileen Gray réalisera l’aménagement de son appartement sur le principe de la cellule minimum.

 

E 1027 – maison en bord de mer.

E pour Eileen, 10 pour J de Jean, la 10ème lettre de l’alphabet, 2 pour B de Badovici, la 2ème de l’alphabet,

7 pour G  de Gray, la 7ème lettre de l’alphabet.

A Roquebrune Cap-Martin, Eileen Gray, avec la complicité de Jean Badovici construit l’un des plus importants édifices Modernistes qui sera sa première réalisation architecturale.

En 1929, cette maison achevée, cadeau d’Eileen à Jean, destinée à »un homme seul, sportif et aimant recevoir ses amis » est consacrée par un numéro spécial de l’Architecture Vivante comme réalisation essentielle du Mouvement Moderne.

Entièrement photographiée par Eileen Gray, on y découvre la pureté des lignes, la finesse du dessin architectural, les proportions parfaites dans le site, les baies vitrées ouvertes sur la mer, les persiennes pour tamiser le soleil du sud,le plan libre, le toit-terrasse avec escalier tourelle pour profiter de la vue et les inventions de chacun des meubles de l’intérieur.

 

L’ouvrage est introduit par un dialogue à deux voix « De l’éclectisme au Doute » dialogue entre Eileen et Jean qui est d’une grande nouveauté à l’époque.

Jean Badovici occupera seul la maison après 1930-31, et jusqu’à sa mort en 1956.

 

Le Corbusier

De 1927 à 1936, très impliqué dans la diffusion de l’Architecture Moderne, Badovici édite le premier catalogue des œuvres de Le Corbusier et Jeanneret.

Le Corbusier, fasciné par la maison E 1027 passera de nombreux étés à Roquebrune avant de d’installer, en 1949 son fameux pavillon à proximité.

Naturalisé français en 1930, comme Jean Badovici, il le soutiendra dans son engagement à défendre l’Architecture Moderne.

Badovici participe au Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) d’Athènes en 1933 où fut édicté la Charte d’Athènes du définit « la ville fonctionnelle » qui deviendra en 1941 le texte fondateur des idées de Le Corbusier sous le même titre. Cette charte servira de base à la reconstruction de nombreuses villes après la guerre.

 

Jean Badovici, inventeur

Passionné de technologie, Jean Badovici a un tempérament d’ingénieur.

Il déposera de nombreux brevets dont celui d’un canot de sauvetage insubmersible, en 1933 qu’il présentera dans le pavillon de l’Esprit Nouveau de Le Corbusier en 1937 à l’exposition des Arts Décoratifs.

Il réalisera un autre canot avec brevet vers 1950 qu’il dénommera E 7 (E pour Eileen ? – 7 pour Gray ?)

 

La reconstruction de Maubeuge (1945-1953)

Après la guerre, qu’il passe principalement à Vézelay, Jean Badovici participe aux côtés de Jean Lurçat à la reconstruction de Maubeuge détruite à 80 % durant la seconde guerre mondiale.

Ill se montrera attentif aux attentes des sinistrés, sensible à la forme urbaine antérieure et aux délicats problèmes fonciers.

Sur environ 10 ans, il produira un travail considérable de sensibilisation, d’écriture théorique et de construction avec la Résidence Le Building (1945-53), les immeubles Lalo, Bizet, Les Arcades (1953), la Caisse d’Epargne (1953).

En 1947, L’exposition Internationale de l’Urbanisme et de l’habitation au Grand Palais consacre cette expérience architecturale exemplaire en présentant des maquettes, des graphismes, des photographies et des plans de la reconstruction. Tous ces éléments furent mis en forme par Badovici et sont présentés dans l’exposition à la galerie.

 

Jean Badovici fut toute sa vie, un passeur enthousiaste, brillant causeur et grand connaisseur des Mouvements artistiques de son époque.

Sa mort prématurée en 1956 a fait oublier l’importance de son rôle mais les publications de l’Architecture Vivante et l’intérêt croissant sur les œuvres de certains de ses proches (Eileen Gray ou Le Corbusier) ont permis de redonner à « Bado », son importance.

 

« Il ne faut demander aux artistes, que d’être de leur temps » Eileen Gray, « de l’éclectisme au doute », 1929